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Place de Mai

Grands-mères de la Place de Mai :

un combat de longue haleine pour retrouver les 500 bébés volés de la dictature



Le téléphone ne cesse de sonner au local des Grands-mères de la Place de Mai, situé au cœur de Buenos Aires. Plaintes, témoignages, ou appels anonymes : ces coups de téléphone sont émis des quatre coins de l’Argentine pour livrer des informations sur le vol de bébés perpétré pendant la dernière dictature civico-militaire (1976-1983). Depuis 40 ans, les Abuelas récoltent toutes ces informations et enquêtent pour retrouver la trace de leurs petits-enfants appropriés illégalement par les forces du régime pendant les années noires. Un combat de longue haleine qui commence dans la clandestinité en 1977 pour celles que les militaires surnommaient péjorativement les « folles de la Place de Mai ».  


Le droit à l’identité


Environ 500 bébés auraient été kidnappés à leur naissance selon les chiffres des organismes des droits de l’homme. Leurs mères, militantes politiques opposées à la junte militaire accouchaient dans des centres de détention où fonctionnaient des maternités clandestines comme l’ESMA, au nord de Buenos Aires. La plupart d’entre elles font partie des 30 000 disparus de la dictature.


 « Si tu es né entre 1975 et 1980 et que tu as des doutes sur ton identité, rend toi chez les Grands-mères de la Place de Mai » martèlent-elles depuis quarante ans à la télé, à la radio où dans la rue. Celles qui ont fait du droit à l’identité leur cheval de bataille ont multiplié les campagnes dans le domaine du sport avec « Football pour l’identité », mais aussi des arts avec « Tango et théâtre pour l’identité » afin de cibler le plus large public possible et éviter ainsi que le mensonge ne se multiplie sur une nouvelle génération.


La science génétique au service de leur combat


En 1984, quelques mois après le retour de la démocratie, les Grands-mères ont mis en place une Banque Nationale de Données Génétiques « unique au monde » où leur sang est stocké et croisé avec celui des personnes susceptibles d’être des enfants de disparus, enlevés pendant la dictature. Grâce à l’indice d’abuelidad – en français l’indice de « grand-parentalité » – fiable à 99,9%, elles peuvent désormais prouver avec certitude qu’il s’agit bien de leurs petits-enfants tant recherchés. A ce jour, 122 personnes ont pu récupérer leur véritable identité et retrouver leur famille biologique.


La relève


 « Notre local est loin d’être un bureau froid, c’est une maison de famille, où la jeunesse nous aide à continuer, et nous donne la force de continuer jusqu’à ce que l’on retrouve le dernier petit-enfant » raconte Estela de Carlotto, la présidente de l’association qui a retrouvé la trace de son petit-fils, Ignacio, en août 2014, après avoir effectué un test ADN. Depuis plusieurs années, les Grands-mères préparent la relève de leur combat en incorporant la jeune génération dans leur équipe : de jeunes avocats, psychologues et chercheurs, mais aussi de nombreux petits-enfants récupérés qui veulent aider à retrouver les autres bébés volés de la dictature, comme l’explique Estela de Carlotto : « Les Grands-mères sont aujourd’hui âgées. Demain, ce sont eux, les jeunes,  qui prendront le relais de ce long combat pour la vérité et la justice ».


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